ENFANTS AVERTIS BASÉ SUR LES ENSEIGNEMENTS DE LA RECHERCHE ET DES DONNÉES FACTUELLES

En 2001, le National Center for Missing and Exploited Children (NCMEC) a élaboré des directives encadrant les programmes éducatifs. Ces directives guident les communautés appelées à choisir des programmes de prévention et à prendre des décisions par rapport aux programmes d’études. Pour élaborer ces directives, le NCMEC a consulté des pédiatres, des chercheurs, des professeurs d’université et des pédopsychologues. Le programme Enfants avertis respecte les directives suivantes :

Âge

Les études montrent que les programmes de prévention visant à réduire la maltraitance des enfants ont le plus d’effet sur les enfants d’âge préscolaire ou qui fréquentent l’école primaire.

Le programme Enfants avertis s’adresse aux enfants de la maternelle à la 9e année, et les leçons sur le thème Tatie se confie sont destinées aux enfants d’âge préscolaire. Il repose sur sept règles essentielles de sécurité et quatre situations qui appellent à la prudence. Ces règles sont rappelées et mises en pratique à chaque niveau scolaire pour amener les élèves à aiguiser leur sens de la prudence. Le programme est spécialement conçu de façon à créer un langage commun qui permet d’enseigner plus facilement aux enfants à prendre leur sécurité en main.

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Davis et Gidycz (2000) montre que les enfants du préscolaire et du début du primaire sont ceux qui profitent le plus des programmes de prévention.
  • Selon une étude de Wurtele et Owens (1997), des enfants d’âge préscolaire qui ont participé à un programme de prévention connaissaient et respectaient beaucoup mieux les règles de sécurité personnelle qu’avant d’avoir participé au programme.
  • Une étude de Rispens, Aleman et Goudena (1997) montre que les enfants de moins de 5,5 ans sont ceux qui bénéficient le plus des programmes de prévention.
  • Selon une étude de Kraizer, Witte et Fryer (1989), des enfants ayant participé à un programme de prévention de la maternelle à la 2e année étaient plus susceptibles de se confier à un adulte de confiance s’ils étaient victimes d’abus, qu’ils soient contraints par la force physique ou que l’agresseur leur dise de ne pas parler de l’incident.

Acquisition et application des compétences

De nombreuses études montrent que les enfants peuvent apprendre et appliquer des règles de sécurité personnelle.

Le programme Enfants avertis aide les enfants à renforcer leur compétence et leur confiance par rapport à leur sécurité, ainsi qu’à reconnaître et à éviter des situations potentiellement dangereuses.

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Schwartz, Waddell, Harrison et Garland (2006) montre que les programmes de prévention sont efficaces pour accroître la connaissance des enfants et leur capacité de se protéger, et recommande de continuer à investir dans des programmes de prévention.
  • Une étude de Wurtele et Owens (1997) montre de quelle manière on peut enseigner aux enfants à faire la différence entre un contact physique approprié et inapproprié.
  • Une étude de Rispens, Aleman et Goudena (1997) montre que les programmes de prévention sont efficaces pour enseigner les concepts des abus pédosexuels et les règles d’autoprotection.
  • L’étude de Wurtele et Owens (1997) montre aussi qu’il est possible d’enseigner aux enfants des techniques d’assertivité pour les aider à éviter les leurres des agresseurs.
  • Selon une enquête téléphonique de Finkelhor, Asdigian et Dziuba-Leatherman (1995), un fort pourcentage d’enfants et d’adolescents de 10 à 16 ans a dit avoir utilisé de l’information ou des compétences enseignées dans le cadre d’un programme d’éducation à la prévention pour éviter un étranger menaçant ou pour se sortir d’une situation dangereuse.
  • Selon des études de MacMillan, MacMillan, Offord, Griffith et MacMillan (1994) et de Davis et Gidycz (2000), les programmes de prévention améliorent de façon significative les connaissances et la compétence des enfants.

Dévoilement

Des études montrent que les programmes de prévention font augmenter le nombre d’enfants qui dévoilent les abus dont ils ont été victimes.

Le programme Enfants avertis aide les enfants à identifier les adultes de confiance dans leur entourage vers qui ils peuvent se tourner et demander de l’aide en cas de besoin. Il encourage les enfants à dénoncer les situations et les incidents malsains (comme les comportements qui dépassent les limites et les cas d’abus) à des adultes de confiance. Il sensibilise également les enfants au fait que de tels abus peuvent faire naître des sentiments très contradictoires chez les enfants puisque les adultes sont souvent des personnes très importantes dans leur vie. Pendant les leçons, les enfants s’exercent à raconter de telles expériences à un adulte de confiance.

Aperçu des recherches :
  • Selon une étude de Hazard, Webb et Kleemeir (1991), dans les six semaines suivant un programme d’éducation à la prévention livré en trois parties, plusieurs enfants qui étaient victimes d’abus sexuels à répétition ont dévoilé leur situation et ont dénoncé des incidents qui s’étaient produits plus tôt.
  • Dans une étude de Kolko, Moser et Hughes (1989), cinq écoles sur six ont constaté qu’aux endroits où un programme d’éducation à la prévention était offert, les conseillers scolaires ont reçu de nombreux signalements confirmés d’attouchements sexuels ou de contacts physiques inappropriés dans les six moins qui ont suivi le programme. Par contre, aucun signalement n’a été reçu du groupe d’enfants qui n’avait pas participé au programme.

Peur et anxiété

Certains parents et enseignants craignent que les programmes de prévention visant à réduire la maltraitance des enfants causent de la peur et de l’anxiété chez les enfants. Les études démontrent que ce n’est pas le cas.

Soucieux que les élèves sortent gagnants de ce programme, nous faisons en sorte de les engager dans leur apprentissage en leur proposant des leçons assorties d’activités divertissantes et interactives qui ne sont pas basées sur la peur. Les leçons sont adaptées à l’âge des enfants et rehaussent la confiance en soi des enfants à toutes les étapes de leur cheminement scolaire

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Schwartz, Waddell, Harrison et Garland (2006) montre que les effets négatifs comme la peur ou l’anxiété ne sont pas associés à la participation à un programme de prévention.
  • Selon une étude de MacMillan, MacMillan, Offord, Griffith et MacMillan (1994), la participation à un programme de prévention n’a aucun effet négatif comme la peur ou l’anxiété.
  • Selon une enquête téléphonique de Hazard, Webb et Kleemeir (1991), les parents et les enfants qui ont dit avoir vu leur degré de peur et d’anxiété augmenter après avoir participé à un programme de prévention étaient aussi les plus susceptibles d’affirmer que le programme avait été globalement positif et d’appliquer les règles de sécurité personnelle dans leur vie quotidienne.

CONTENU ET DURÉE DU PROGRAMME

Des études montrent que les programmes bien étoffés et répétés fréquemment sont souvent ceux qui donnent les meilleurs résultats.

Toutes les leçons du programme Enfants avertis prédisposent les élèves à l’apprentissage en faisant appel à leur vécu, ce qui active leurs connaissances et les prépare à assimiler des notions nouvelles. Les leçons sont repassées plusieurs fois, année après année.

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Schwartz, Waddell, Harrison et Garland (2006) recommande que les programmes soient assez longs (pas moins d’une heure et de trois leçons distinctes) pour que les enfants aient le temps d’apprendre et d’intégrer les techniques d’autoprotection, peu importe leur âge et leur stade de développement. L’étude montre que le fait de répéter les programmes à intervalle régulier peut atténuer la baisse d’efficacité due au temps.
  • Une étude de Davis et Gidycz (2000) a montré que les programmes comptant trois ou quatre leçons étaient beaucoup plus efficaces que les programmes comptant moins de leçons, quel que soit le nombre d’heures total du programme.
  • Selon une enquête américaine nationale réalisée auprès d’enfants et d’adolescents de 10 à 16 ans par Finkelhor et Dziuba-Leatherman (1995), plus les programmes de prévention sont étoffés et utilisés, plus les enfants ou les adolescents obtiennent une note élevée à un test de connaissance des mesures de sécurité.
  • Dans une étude de Tutty (1990), la répétition des principes de prévention dans plusieurs leçons augmente de façon significative le degré d’acquisition par les élèves.

PRÉSENTATION

Des études montrent que le fait de confier à plusieurs personnes la présentation d’un programme d’éducation à la sécurité peut être efficace.

Le programme Enfants avertis permet aux enseignants et aux parents d’adapter les plans de leçon et les activités aux besoins particuliers de chaque enfant. Les leçons s’accompagnent d’activités à faire à la maison, de sorte que les parents et les enseignants puissent travailler ensemble avec les enfants pour les amener à intégrer des stratégies de sécurité dans leur vie quotidienne.

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Wurtele, Kast et Melzer (1992) constate que les enseignants et les parents sont tout aussi efficaces pour enseigner aux enfants les règles de sécurité personnelle.
  • Une étude de Hazard, Kleemeir et Webb (1990) montre que les enseignants et les spécialistes sont tout aussi efficaces pour présenter le matériel de prévention.

MODE DE PRÉSENTATION

Des recherches montrent qu’il est plus efficace d’amener les enfants à mettre en pratique les comportements souhaités que d’en faire la démonstration seulement.

Le programme Enfants avertis permet aux enfants de s’exercer à mettre en pratique certains comportements et de développer leur sens de la débrouillardise.

Aperçu des recherches :
  • Une étude de Schwartz, Waddell, Harrison et Garland (2006) montre que les programmes de prévention devraient inclure un grand volet participatif, comme les jeux de rôle et la formation comportementale.
  • Selon une étude de Davis et Gidycz (2000), les programmes faisant appel à la participation active et au développement de compétences comportementales (imitation, répétition, renforcement, etc.) produisent les meilleurs résultats.
  • Selon une étude de Wurtele, Marrs et Miller-Perrin (1987), l’apprentissage par jeu de rôle et la répétition des comportements recherchés sont plus efficaces qu’une simple démonstration devant les enfants.
  • Références

    • Davis, M.K., & Gidycz, C.A. (2000). « Child sexual abuse prevention programs: A meta-analysis ». Journal of Clinical Child Psychology, 29, 257-265.
    • Finkelhor, D., Asdigian, N., & Dziuba-Leatherman, J. (1995). « The effectiveness of victimization prevention instruction: An evaluation of children’s responses to actual threats and assaults ». Child Abuse & Neglect, 19, 141-153.
    • Finkelhor, D., & Dziuba-Leatherman, J. (1995). « Victimization prevention programs: A national survey of children’s exposure and reactions ». Child Abuse & Neglect, 19, 129-139.
    • Hazard, A., Kleemeier, C.P., & Webb, C. (1990). « Teacher versus expert presentations of sexual abuse prevention programs ». Journal of Interpersonal Violence, 5 23-36.
    • Hazard, A., Webb, C., & Kleemeir, C. et al. (1991). « Child sexual abuse prevention: Evaluation and one year follow-up ». Child Abuse & Neglect 14, 123-138.
    • Kolko, D. Moser, J. & Hughes, J. (1989). « Classroom training in sexual victimization awareness and prevention skills: An extension of the Red Flag/Green Flag people program ». Journal of Family Violence, 4, 25-45.
    • Kraizer, S., Witte, S.S., & Fryer, G.E. Jr. (1989). « Child sexual abuse prevention programs. What makes them effective in protecting children? » Children Today, 18, 23-27.
    • MacMillan, H.L., MacMillan, J.H. , Offord, D.R., Griffith, L., & MacMillan, A. (1994). « Primary prevention of child sexual abuse: A critical review. Part II ». Journal of child Psychology and Psychiatry and Allied Disciplines, 35, 857-876.
    • National Center for Missing and Exploited Children. (2001). Guidelines for Programs to Reduce Child Victimization. Virginia: NCMEC.
    • Rispens, J., Aleman, A., & Goudena, P.P. (1997). « Prevention of child sexual abuse victimization: A meta-analysis of school programs ». Child Abuse and Neglect, 21, 975-987.
    • Schwartz, Waddell, Harrison, & Garland (2006). Preventing and Treating childhood Sexual Abuse: A Research Report Prepared for child and Youth Mental Health British Columbia Ministry of Children and Family Development. Simon Fraser University, BC.
    • Wurtele, S.K., Kast, L.C., & Melzer, A.M. (1992). « Sexual abuse prevention education for young children: A comparison of teachers and parents as instructors ». Child Abuse & Neglect, 16, 865-876.
    • Wurtele, S., Marrs, S., & Miller-Perrin, C. (1987). « Practice makes perfect: The role of participant modeling in sexual abuse prevention programs ». Journal of Consulting and Clinical Psychology, 55, 599-602.
    • Wurtele, S.K., & Owens, J.S. (1997). Teaching personal safety (1997). « Teaching personal safety skills to young children: An investigation of age and gender across five studies ». Child Abuse & Neglect, 21, 805-814.